Benoît Jardin : ses jus bio « made in Perche » tiennent le haut du panier

13 septembre 2018
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Benoît Jardin, 49 ans, a créé sa marque de jus de légumes et de fruits bio « By Jardin ». © Stéphane de Bourgies.
 

Originaire de Chartres, Benoît Jardin sait cultiver le sien dans le Perche en produisant des jus de légumes et de fruits haut de gamme qui trônent à la table des grands restaurants et sur les étals des épiceries fines et des magasins bio.


Quel a été votre parcours avant de vous lancer dans la production de jus bio de légumes et de fruits ?
Benoît Jardin : Je suis originaire de Chartres, d’une famille du milieu agricole, et j’ai effectué des études supérieures en finances et marketing à l’université Paris-Dauphine. Cette formation m’a amené à exercer ensuite des responsabilités dans le conseil et l’audit comptable pour des cabinets de consulting comme Arthur Andersen ou de grands groupes comme Hachette et Coca-Cola. Avant de créer mon entreprise, j’étais directeur investissements à la Caisse des Dépôts et Consignations pour les équipementiers automobiles notamment.

Quel a été le facteur déclenchant qui vous a amené à créer votre propre entreprise « By Jardin » en 2013 ?
A force de côtoyer des entrepreneurs, j’ai eu envie de le devenir moi-même. Il y a eu aussi le fait que j’ai hérité de 20 hectares dans le Perche, ce qui m’a donné le goût de « revenir à la terre » comme on dit, mais pour y pratiquer une culture respectueuse de l’environnement dans un modèle vertueux.
Ce qui est fondamental pour moi c’est la dimension « holistique » de ce projet, c'est-à-dire qu’il forme un tout cohérent propre à une économie circulaire dans laquelle rien ne se perd. C’est ce qui fait sens à mes yeux et m’a poussé à franchir le pas de l’entrepreneuriat.

Pour quelles raisons avez-vous choisi le secteur de l’agroalimentaire dans une démarche biologique ?
Avec l’élevage, la polyculture est une pratique ancestrale dans le Perche où l’on a toujours eu le souci des équilibres naturels. Il était très important pour moi de produire des légumes et des fruits avec une exigence de préservation de l’écosystème et de la santé des consommateurs. La culture bio allait donc de soi.

Comment avez-vous débuté votre production de jus bio ?
Cela était très modeste au début. J’ai commencé dans ma cuisine en essayant des assemblages de légumes et de fruits. J’ai testé de nombreuses associations avant de constater que, par exemple, le chou se marie bien avec le citron et la pomme, ou la carotte avec le gingembre et la pomme, ou bien encore le concombre avec le basilic et le citron. Cela a donné la gamme de nos jus « By Jardin » qui portent des prénoms féminins ou masculins selon leur personnalité : César, Emile, Suzanne, Victor, …

Le succès a tout de suite été au rendez-vous ?
Détrompez-vous ! Il a fallu quatre ans avant que les ventes commencent à décoller. En raison de la qualité de nos produits, de nos procédés de fabrication et des contraintes de l’ultra-frais, nous nous situons à un niveau de prix assez élevé, entre 4 et 7 € les 25 cl. Il a donc fallu approcher des réseaux de distribution ciblant une clientèle haut de gamme.
Heureusement, de grands chefs comme Alain Passard et Thierry Marx m’ont soutenu, et les produits « By Jardin » ont été référencés par des enseignes prestigieuses comme la Grande Epicerie à Paris. L’accès aux magasins Biocoop l’année dernière, puis au réseau Naturalia, nous a fait franchir une nouvelle étape.

A quel niveau de production vous situez-vous aujourd’hui ?
Nous sommes en phase de croissance de production. Avec une équipe de dix personnes dont quatre sur l’exploitation agricole et cinq à la production, nous avons produit près de 40 000 bouteilles de 25 ou 50 cl l’année dernière. Cette année nous devrions atteindre 70 000 « cols ». La demande est très forte et pour y faire face nous étendons le domaine agricole et ouvrons un deuxième atelier de production, toujours dans le Perche, à Saint-Denis-d’Authou.

Quels sont vos projets de développement ?
Notre développement passe par l’intensification et l’accélération de notre production mais aussi par l’élargissement de notre gamme à de nouveaux assemblages et de nouveaux types de produits. L’extraction de nos jus engendre d’importantes quantités de matières sèches de qualité que nous allons convertir en soupes ou en barres alimentaires végétales.

Comment qualifieriez-vous la relation que vous avez établie avec votre partenaire bancaire, la Caisse d’Epargne Loire-Centre ?
Je dirais que nous avons établi une relation de confiance réciproque. Au début, cela n’était pas forcément évident de trouver un partenaire bancaire lorsque l’on est une jeune entreprise qui se lance, sans références ni capitaux propres. Mais la Caisse d’Épargne a été très sensible à la dimension de développement économique local que représentait mon projet. Je crois aussi que le volet environnemental et sociétal a été très bien accueilli. Les solutions de financement ont pu se mettre en place assez rapidement et nous avons aujourd’hui un business model solide qui est un gage de sécurité pour l’un et pour l’autre.
 

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